Créer des pays imaginaires avec les enfants

Aujourd’hui c’est une autre Cécile qui prend la parole et nous propose une activité créative à faire avec les enfants pour libérer leur créativité ! (Je vote 2000 fois pour vous vous en doutez).

Cécile est maman de 4 enfants à la maison et co-créative en imagination le reste du temps.

Auteure, illustratrice, conceptrice de jeux et spécialisée en conte, elle partage depuis des années avec des enfants comme des adultes cette créativité sous toutes ces formes : livres, jeux, ateliers, formations… Cécile a permis à des centaines de personnes de développer leur créativité, oser se lancer, affirmer leur différence, prendre confiance tout en arrêtant de se comparer et se juger.
Un lâcher prise qui s’apprend et qu’elle souhaite aujourd’hui transmettre à tous ceux qui souhaitent libérer leur créativité à leur tour.

Vous pouvez trouver Cécile habituellement sur Animagicus que je vous conseille vivement de découvrir !

Aujourd’hui, donc, elle nous montre comment développer son imaginaire avec un jeu à réaliser soi-même avec les loulous : une carte de pays imaginaires. Une très belle activité créative et ludique que je vous propose de découvrir tout de suite !

Il était une fois des contrées oubliées, là où aucun héros ou héroïne n’avait jamais posé le moindre pied. Mais comment est-ce possible ? Tout simplement parce-que ces pays n’existent pas encore. Pour inventer ou écrire une histoire, il faut faire appel à l’imaginaire. Il nous faut également des personnages qui vont vivre des péripéties, des épreuves… Et c’est à travers ces différents paysages que nos héros et héroïnes vont suivre leurs aventures. Je vous invite donc à planter le décor. Et quoi de mieux que de les créer ces contrées oubliées !

Il n’est pas toujours facile d’imaginer des pays inconnus, des personnages, des histoires… Créer à partir de rien désarme beaucoup de personnes, adultes comme enfants. Mais en fait, c’est une question d’habitude, d’entraînement. L’imaginaire se cultive à partir d’histoires que l’on peut lire, d’images que l’on peut voir, de jeux d’écriture, d’éléments que l’on aura ramassé dans la nature… Et justement, cette pomme de pin que j’ai trouvé, si le lui ajoutais des yeux, une bouche pour en faire un personnage ? Si elle devenait le château de la reine des fourmis ? Une décoration pour la maison ? Imaginer une autre utilité à un objet est déjà un premier pas vers la créativité.

Et je trouve encore plus amusant, de développer cet imaginaire en jouant avec le hasard. Le jeu quand il fait appel à l’aléa est un outil magique pour la création. Suivre les règles définies en début de partie suffit à donner une direction pour la création. Nous allons donc établir des règles très simples pour amorcer cet imaginaire qui seront très accessibles à de jeunes enfants. Elles serviront de base à notre création de pays imaginaires. Je dis nous car il est encore plus amusant quand toute la famille participe à cette activité.

Le matériel nécessaire pour une séance pays imaginaires

•  Une feuille blanche à dessin par personne (on peut aussi utiliser du papier pour imprimante, mais l’encre glisse moins)
• Des encres à dessiner , moi j’utilise le jaune, rouge, vert, marron.
• Une assiette en carton
• Un paille par personne
• Un petit rouleau de peinture
• Des craies grasses
• Un feutre noir fin.

Comment Faire

La préparation

Cette activité se déroule en deux temps (20 à 40mn pour chacune de ces étapes).

1. La création de la carte des pays imaginaires, sous forme d’un jeu aléatoire. Prévoir des protections pour la table et les vêtement des jeunes enfants. L’encre à dessiner tâche facilement.
2. Le développement de l’imaginaire puis la décoration de la carte.

Etape 1 – Jeux aléatoires

Pour ce premier temps, installez-vous, parents et enfants autour de la table, avec une feuille blanche par personne placée devant soi.

La règle du jeu est très simple : « Je vous invite à créer une carte de pays imaginaires. Pour cela nous aurons le droit uniquement à 4 couleurs et une paille comme outil. Le hasard déterminera notre carte.  »

Commencer par donner une paille par personne.

Prendre l’encre à dessiner de couleur jaune (il est plus facile de commencer par les couleurs claires). Je conseille, pour les premières fois, aux adultes de gérer cette étape. Cela évite de se retrouver avec de grosses tâches d’encre de partout.

Verser quelques gouttes d’encre au centre de la feuille de chacun des participants.

Chacun prend sa paille et souffle sur l’encre déposée sur sa feuille pour la faire glisser, l’étaler.

Faire tourner régulièrement sa feuille pour que la couleur n’aille pas toujours dans le même sens. Cela permet également d’élargir les tâches…

N’hésitez pas à remettre quelques gouttes de jaune si besoin.

Prendre ensuite l’encre rouge et verser quelques gouttes en fonction de ce que souhaite l’enfant : est-ce que cela touche le jaune ? Sur un autre coin de la feuille ?

On recommence à souffler sur la couleur rouge, toujours en tournant régulièrement la feuille.

Verser quelques gouttes de la couleur verte, là où l’enfant le souhaite. Souffler toujours en tournant la feuille.

Recommencer une dernière fois avec la couleur marron si besoin. Parfois, cela n’est pas nécessaire car les encres rouges et vertes se sont déjà suffisamment mélangées et le marron est déjà présent.

Précautions :

Pour un rendu plus sympa, il est intéressant que 2 couleurs se mélangent. Par contre quand vous avez 3 ou 4 couleurs qui se superposent, cela fait tout de suite très sombre. Cet effet est intéressant sur une partie du dessin, mais pas sur l’ensemble.

Etape 2 – Séchage et questions de couleurs

Avant de passer à l’étape suivante, il faut faire sécher l’encre. Celle-ci à l’avantage d’être vite absorber par la feuille. Pour accélérer cette étape vous pouvez placer la feuille au soleil les beaux jours ou sur un radiateur les jours plus froids !

Pendant que la carte sèche, il peut être intéressant de commencer à s’interroger sur les couleurs utilisées.

A quoi vous fais penser la couleur jaune dans un paysage ? Un soleil, un désert, un champ de blé… inviter pour chacune de ces couleurs à lister toutes les idées qui vous passent par la tête. Si vous manquez d’idées, je vous propose ma propre liste (cliquez ici pour la télécharger).

Etape 3 – Décoration de la carte

Dessiner des formes géométriques (traits, triangles, ronds, spirales, carrés…) tout autour de votre feuille en suivant les bords, avec les craies grasses Ainsi vous obtiendrez un cadre d’environ 3 cm de largeur.

Il est préférable d’attendre que l’encre soit sèche pour le plus jeunes. Pour des enfants plus âgés, il est possible d’enchaîner avec cette étape, il suffit juste de faire attention à ne pas toucher à la carte centrale.

Enfin, verser de l’encre à dessiner dans l’assiette à carton (ou autre récipient), puis à l’aide du rouleau à peinture, repasser sur les formes géométriques le long des quatre bords de la feuille pour former un cadre.

Une fois que les encres sont sèches. Vous pouvez ajouter des vagues bleues à la craie sur les zones qui restent blanches entre votre carte et le cadre. Attention à ce que vos vagues aillent toujours dans le même sens ! Je colorie souvent le fond aux crayons de couleurs bleus avant de dessiner les vagues. Il est également possible de dessiner une rose des vents pour indiquer le nord de votre carte. Je vous propose également le modèle pour réaliser la rose des vents.

Etape 4 – Développement de l’imaginaire

Quand l’encre de votre carte et de votre cadre est bien sèche, vous pouvez redessiner tous les contours de la carte à l’aide d’un feutre noir fin.

Il est temps de donner vie à cette carte et déterminer les différents lieux qui la composent. Reprenez votre liste d’idées que vous avez fait pour chaque couleur.

Reprenons la couleur jaune et son idée associée à un soleil, un désert ou un champ de blé. Et si j’appelais ce coin jaune de ma carte le rayon ensoleillé ? Ou le désert des oubliés ? Ou le pré doré ?

Pour trouver les noms, il suffit de jouer avec les synonymes. Plus les enfants sont grands, plus ce jeu peut se complexifier. Pour les plus jeunes, appeler ce coin jaune : le pays jaune, c’est OK. Le lieu est déterminé, il suffit ensuite d’imaginer ce qui va se passer dans ce pays jaune. L’imaginaire, comme la créativité se travaille, s’améliore avec les expériences. Peut être que sur sa prochaine carte ce coin jaune deviendra le pays doré ?

Inscrire sur chaque zone choisie le nom du pays correspondant.

Il est possible et surtout plus simple pour les plus jeunes qui ne savent pas encore écrire de dessiner des symboles comme l’exemple ci-dessous pour agrémenter sa carte. L’enfant exprimera alors à voix haute le nom de ce pays correspondant à son symbole. Comme pour la liste des idées de couleurs, je vous propose un échantillon de symboles à télécharger.

Une carte collective

Nous nous sommes mis un jour à quatre personnes pour réaliser une carte géante sur une grande feuille de papier kraft.

Chacun, équipé d’une paille, nous avons mis des gouttes de couleurs répartis sur différents points. Nous avons soufflé jusqu’à nous rejoindre à plusieurs endroits.

La carte vue sa taille reste immobile sur la table, ce sont les participants qui tournent autour. Il est important de continuer à tourner régulièrement autour de la carte, car le souffle est différent pour chacun et les rendus très différents.

Pour cette réalisation, nous avons ajouté l’encre bleue en plus des 4 autres couleurs. Une fois sèche, nous avons repassé certaines zones à la craie (blanche, vert, jeune…) pour apporter des nuances. La craie blanche sur fond bleu permet de créer des zones arctiques.

Concrètement, cette carte sert de base pour l’écriture d’une histoire, une écriture à plusieurs mains ! Des zones encore non explorées restent à découvrir. Ainsi les lieux vont évoluer au fur et à mesure que l’histoire s’écrit… ensemble.

Une carte au trésor

J’utilise également cette technique pour créer des cartes au trésor.

La carte devient alors mon support pour l’organisation de chasses au trésor.

Les lieux à découvrir deviennent des parties de ma maison, associées à une couleur dominante à trouver. Par exemple, il faudra trouver le livre rouge situé sur la bibliothèque, le plat bleu dans la cuisine….

Ou si la chasse au trésor se déroule en extérieur, je cherche sur le parcours des éléments colorés qui serviront de repère aux enfants.

J’ajoute également sur cette carte, un chemin à suivre qui permet aux enfants de passer d’épreuve en épreuve. Il est important d’y placer la croix qui détermine l’emplacement du trésor, ainsi que la rose des vents qui indiquera le nord.

Je déchire les bords de la carte et parfois brûle les contours de la feuille pour lui donner un aspect plus vieux parchemin.

Une carte pour créer des histoires

Quand la carte est terminée, elle peut servir de base pour écrire ou raconter des histoires. Il suffit alors de se promener sur la carte, passer d’un pays à l’autre pour découvrir les personnages qui y vivent, interagir entre les personnages, vivre des aventures….

Les premiers temps, il est important de guider l’enfant dans ce cheminement de création. Le faire simplement à l’oral sous forme questions réponses se met en place très naturellement. Pour cela invitez l’enfant à se poser des questions qui feront appel à son imaginaire. Je vous propose dans le supplément pays imaginaires une liste de questions qui peuvent être utilisées comme support dans la création de cette histoire.

Une fois que l’enfant est à l’aise avec ce processus, il peut alors commencer à écrire cette ou ces histoires. Une même carte peut servir de base pour différentes histoires. La carte des pays imaginaires évolue avec le temps, on peut y ajouter de nouveaux noms de lieux, la compléter, changer de personnages…

Vous pouvez également faire des échanges de cartes entre deux enfants. La carte vivra alors une nouvelle vie, de nouvelles histoires, très différentes les unes des autres ! En effet, la perception du regard sur une situation varie d’une personne à l’autre. Quand l’un peut imaginer un lac très calme auprès duquel on peut pêcher tranquillement, un autre y verra un lac avec de nombreux tourbillons qui entraîne les plus téméraires dans ses fonds…. Lorsque l’on créer des histoires, les émotions du moment servent très souvent de moteur au processus de création.

Il est temps de se lancer et de partir pour les pays imaginaires, une invitation à un lâcher prise pour développer son imagination.

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Merci Cécile pour cette très chouette activité créative et qui fait travailler l’imagination !

N’oubliez pas de télécharger gratuitement les supports qui accompagnent cette activité en cliquant ici. (sur inscription)